
Miroir de poche, kit de maquillage, compotes à boire, sac de course pliable, spray anti-agression au poivre, lettre urgente à poster, pansements, mouchoirs, vitamines C, cartes de fidélité, smartphone… Le sac des femmes contient la charge – les charges, d’ailleurs – qui pèse sur leurs épaules. Heure après heure, au jour le jour, il permet d’enchaîner les rôles, de les multiplier même.
Or la manière dont il est porté varie dans le temps comme au gré des circonstances. Le porté croisé, en bandoulière en travers du corps, très populaire ces dernières années, est celui des femmes très actives, pour ne pas dire débordées, adeptes des transports en commun. Il permet de conserver le plein-emploi de ses deux mains et deux bras afin de jongler plus facilement.
Pratique, il est donc celui qui couvre le plus grand nombre de scénarios possible. En cela, il inviterait presque à improviser davantage en dehors du cadre fixé. N’encombrant qu’assez peu sa porteuse, il lui offre ainsi une fenêtre pour réaliser ce qui lui chante et parer à toute éventualité. Une qualité essentielle que les sacs portés à la main, dans la main, au pli du coude ou sous le bras ne possèdent pas aussi ouvertement.
Eux, qui demandent à être constamment tenus ou surveillés, sont davantage tournés vers la représentation, la cérémonie, la fête, la nuit, le temps court et la parade. Bref, vers tout un éventail de situations occasionnelles, en marge du torrent quotidien, où le risque de devoir faire face à un milliard de choses simultanément est limité, sinon maîtrisé : les enfants sont couchés ou gardés, les urgences de travail sont reléguées au lundi, les courses déjà faites et, surtout, les commerces fermés…
Du moins sur le papier, car, dans les smartphones, les applis ne débranchent jamais. Nourrir les réseaux de fragments de soi, passer commande de ceci ou de cela, répondre à des mails urgents, faire la promo de sa boîte, organiser les vacances… Allez, il est grand temps d’enfouir ce portable au fond du sac, qu’il se balance au bout de sa chaîne accrochée à l’épaule ou traverse le buste de sa bandoulière.