PortraitAprès des années passées dans la mode, l’entrepreneur s’est lancé en 2016 dans le parfum, devenu son activité principale. Une première boutique parisienne vient entériner cet investissement dans le secteur.
La boutique de poche nichée dans la galerie Véro-Dodat, au cœur du quartier des Halles, à Paris, ressemble à un rêve d’enfant. Seize mètres carrés et pas un centimètre de plus. Il a fallu des trésors d’imagination pour en faire un lieu de vente de parfum. « Je crois à la petite boutique qui ne peut accueillir plus d’un client à la fois, un client qui se sent important, écouté, considéré », explique le couturier Marc-Antoine Barrois qui a entrepris une diversification dans la parfumerie au milieu des années 2010.
L’échoppe lilliputienne a été très longtemps l’antre d’un libraire de 86 ans qui a fini par remballer opuscules et incunables pour prendre une retraite bien méritée. Mine de rien, cette boutique exiguë dessine les contours d’une image de marque, réussit à proposer un univers. « Nos parfums sortent tout droit de nos cerveaux, pas d’un brief ou d’un mood board. C’est la raison pour laquelle je cherchais un lieu où l’imaginaire pouvait se déployer. » S’il précise « nos parfums », c’est qu’il forme un vrai binôme avec le parfumeur Quentin Bisch (Givaudan) qui a déjà composé les parfums B683 (clin d’œil à l’astéroïde du Petit Prince) et Ganymede.
Colonie d’escargots
Entrer dans la boutique, c’est un peu comme sauter à pieds joints dans le monde merveilleux d’Alice. Fortement marqué par la poésie des vitrines d’Hermès, Marc-Antoine Barrois a voulu créer, avec l’architecte Antoine Bouillot, un monde féerique proche de la BD : plaques de verre à l’intérieur desquelles ont été cuits de la cannelle et du gingembre qui font l’effet cotonneux d’un nuage, arbre de vie illuminé de l’intérieur sur lequel « poussent » les précieux flacons de parfum.
Le couturier a surtout laissé envahir l’espace par une colonie d’escargots, œuvre de l’artiste Jean-François Fourtou – les drôles de gastéropodes ont même escaladé la devanture. « Les enfants repèrent très vite les escargots, ça les fait rire, quand les adultes ne voient que des coquillages », s’amuse-t-il. Peu importe. La discussion avec le visiteur peut s’engager et c’est finalement l’effet recherché pour une parfumerie d’auteur qui a besoin d’un sous-texte.
Il a honte de l’avouer : « Je n’ai pas souffert de la crise. » Cette boutique, Marc-Antoine n’aurait probablement pas pu en faire l’acquisition si tant d’autres n’avaient pas fermé, victimes du Covid-19. Pourtant, ce 17 mars 2020, l’avenir lui semblait bien sombre. « Avec le confinement et le télétravail, plus personne n’avait la nécessité de s’offrir un smoking sur mesure », se souvient-il. L’activité pour laquelle il se bat depuis dix ans semble n’avoir plus beaucoup de sens.
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