
La vaste pièce vitrée ouvre sur un camaïeu de vert, ocre et azur… La pinède méditerranéenne, les villages dans les collines et, à l’horizon, la mer. A l’intérieur, des bureaux en open space et un joyeux bazar – gadgets, maquettes, affiches, empilement de carton et de plastique – indiquent que nous venons d’entrer au royaume des créatifs.
Nous voici à Sophia Antipolis (Alpes-Maritimes), au centre de design de Toyota pour l’Europe baptisé ED² (European Design Development, à prononcer à l’anglaise ED square). « Toyota a choisi il y a vingt ans d’installer ses quartiers dans le pays où Chagall, Matisse, Picasso se sont épanouis artistiquement, souligne le designer américain Ian Cartabiano, qui a pris la direction d’ED² en 2018. Difficile de faire mieux comme source d’inspiration. »
Ce petit cocon est d’ordinaire fermé à toute visite mais le constructeur japonais l’a entrouvert cet automne à la presse à l’occasion des essais dans le pays niçois de son dernier véhicule la Yaris Cross, un modèle stratégique pour le développement de la marque en Europe. Cela tombe bien : le petit SUV, dit du segment B, a été entièrement dessiné ici, sur la Riviera française. C’est une première pour un véhicule Toyota, et le signe de la montée en puissance du centre azuréen.
« Origine France garantie »
ED², qui vient de fêter ses 20 ans d’existence, est le maillon européen du réseau des pôles de design du constructeur nippon. Ce maillage a son point névralgique à Nagoya, au Japon, et il est constitué de six autres centres (trois aux Etats-Unis, un au Brésil, un en Chine et un en Australie). Surtout, il confirme la place de la France dans la mécanique productive de Toyota sur le Vieux Continent puisque le site de Sophia Antipolis s’ajoute à l’usine de Valenciennes-Onnaing (Nord) qui fabrique les Yaris et Yaris Cross. Cette dernière vient d’ailleurs de rejoindre la Yaris classique dans le club fermé des voitures dotées du label « origine France garantie ».
Il n’y a évidemment rien à voir en termes d’empreinte économique entre Valenciennes (5 000 emplois) et Sophia Antipolis (41 salariés de 9 nationalités). Cela n’empêche pas le très secret ED² d’être un lieu stratégique pour le géant japonais. Il convient d’européaniser et d’améliorer un style Toyota qui n’a pas toujours convaincu ces dix dernières années. Le centre a à son actif d’avoir travaillé sur des engins remarqués en termes de design et qui ont justement tranché avec l’allure un peu pataude des anciennes Prius et Auris : les SUV Toyota C-HR et Lexus UX ainsi que le drôle de véhicule concept de mobilité autonome, baptisé e-Palette, présenté lors des Jeux olympiques de Tokyo, l’été dernier.
Il vous reste 41.94% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.